FRÉDÉRIC MAURO
José Luis Romero est bien connu des historiens français. A deux reprises il a rendu visite à l’Université de Toulouse. Trait d’union entre l’Europe et l’Amérique latine il cherche à faire connaître l’une à l’autre. Sa bibliographie est déjà longue. Tantôt on y trouve l’histoire de son pays, tantôt celle de l’Europe dont il vient. Enseignant aux Argentins l’histoire médiévale, il a brossé pour eux dans sa Revolución Burguesa une magnifique synthèse. Comme il l’écrit lui-même dans son prologue, le livre contient l’analyse de deux processus : d’une part la formation et la fixation de l’ordre « cristianofeudal » et d’autre part le déchaînement de la révolution bourgeoise qui s’opère au sein du précédent, ce qui aboutit à l’ordre « feudoburgués ». Et il ajoute : ces deux processus sont inséparables car la révolution bourgeoise se produit très lentement, décomposant le système traditionnel sans le détruire…
Pour qui s’intéresse à l’historiographie américaine il y a là l’exemple d’une pensée qui a su vaincre l’obstacle de la distance et rendre vivant aux latino-américains un temps et un monde qui leur paraissent souvent étranges de ceux dont ils sont en train de sortir. Le mérite de José Luis Romero est d’avoir compris l’actualité, pour l’Argentine et ses voisins de son enseignement et de ses recherches.